/image%2F5661935%2F20200722%2Fob_35a0d9_objectivite3.png)
Au tout début de l'an 1830, les juifs du monde entier dont ceux de la Pologne, du Liban, de la Syrie et d'Egypte, trouvent réfuge en Haïti.
25/08/2020
Ils entendaient parler de la terre de la Liberté en lisant des articles publiés dans les grands journaux de l'époque selon lesquels il suffit de fouler le sol haïtien pour être à jamais libre tandis qu'ils sont persécutés en Europe. Il est fondamental de noter qu’Haïti à la réputation d’être un pays défenseur des droits à la liberté, et celle de toujours lutter contre la servitude, les préjugés et la ségrégation raciale. Voilà pourquoi le pays est sollicité lorsque les juifs sont persécutés en Europe notamment en Allemagne par le régime hitlérien.
Mais, qu’est-ce qui s’est vraiment passé durant cette période? Comment Haïti, la première république noire du monde, a-t-elle vraiment aidé les juifs à quitter l’Allemagne pour venir s’installer dans le pays?
En effet, à l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir en août 1934, des intellectuels haïtiens dont Dantès Louis Bellegarde et Jacques Roumain condamnent le nazisme. Cette condamnation intellectuelle du régime hitlérien par Haïti redonne confiance aux juifs mais les persécutions à leur encontre demeurent sérieuses et sont bien plus réelles.
En 1937, le gouvernement haïtien accepte les premiers réfugiés politiques européens dont des Allemands et des Italiens juifs au regard de la loi du 3 mars 1937 sur le Séjour des étrangers en Haïti, avant même de publier un décret-loi de naturalisation. 937 passagers, majoritairement juifs, fuyant le Troisième Reich à bord d'un paquebot qui a quitté Hambourg le 13 mai 1939 et refoulé de Cuba, sont arrivés sur la terre de Jean-Jacques Dessalines.
Le 29 mai 1939, le président Sténio Vincent publie le décret-loi qui octroie la "nationalité par contumace et la citoyenneté haïtienne in absentia" aux réfugiés juifs d'Haïti. Le décret-loi du 29 mai 1939 ajoute à l'article 1 du décret-loi du 29 novembre 1937 sur la naturalisation que les agents diplomatiques et consulaires haïtiens, après autorisation du Secrétaire d’État des Relations Extérieures qui aura lui-même obtenu la décision favorable du Conseil des Secrétaires d’État, peuvent recevoir en dehors d'Haïti le serment de tout étranger désireux de se naturaliser Haïtien, après justification de leur intérêt pour le développement du pays.
Cette disposition permet aux Juifs du monde entier d'obtenir "in absentia" la nationalité haïtienne à travers les consulats d’Haïti de Bruxelles, de Genève, d'Hambourg, de Londres, de New York, de Paris, d'Havre, de la Havane, de Kingston et de Ciudad Trujillo, actuelle Capitale de la République Dominicaine. Il est important de souligner que l’obtention de la nationalité « in absentia » est une décision par laquelle l’État haïtien octroie à des étrangers européens juifs la citoyenneté haïtienne en leur absence.
Le 12 décembre 1941, quelques jours après l'attaque de Pearl Harbor, le président Élie Lescot déclare la guerre aux forces de l'Axe et accorde un passeport à tout Juif le sollicitant. Il faut souligner que cette histoire n'est pas enseignée aux jeunes haïtiens ni dans les écoles ni dans les familles. Dans aucun manuel scolaire d'histoire d'Haïti, nous n'avons trouvé un chapitre sur l'arrivée des juifs dans le pays. Dans aucune famille de la classe moyenne, dans aucune famille des masses défavorisées, nous n'avons entendu les parents aborder un tel sujet avec leurs enfants.
Voilà une histoire qui est interdite à ceux-là mêmes qui sont cencés en être les héros !
Auteur: Ex Senatrice Cemephise Gilles